Vie à deux

Ca fait quatre ou cinq ans que je dis que je ne veux de personne. Que je ne veux pas de relation avec un homme. L'autre jour, L. m'a demandé "Alors, vous êtes ensemble ??" Rien que l'idée que l'on puisse être ensemble me dérange. L'impression de mettre en péril ma liberté. Tout cela est très égoïste, qu'en est-il de la sienne ? Lui laisserai-je volontiers s'il me dit qu'il a rencontré quelqu'un d'autre (sous entendu, davantage de son âge) ?

Il est venu hier. On a passé une soirée ensemble, très agréable. Il me surprend à chaque fois. Dimanche, j'étais sur la route, à faire des photos de la Loire gelée, et il me dit "Si tu veux, une prochaine fois, on ira faire une sortie photos ensemble". Sait-il à quel point ça me fait plaisir qu'il me propose ça ? J'ai pris mon mal en patience, je ne l'avais pas vu depuis mercredi dernier. Je l'ai revu hier, mercredi. Une semaine. Une semaine de soirées textos, de petits mots doux... Il n'a pu s'empêcher de me serrer fort dans ses bras quand il est arrivé. Comme il dit "On apprend à se connaître". En fait, j'ai plus l'impression d'un début de vie de couple, parfois. Mais, curieusement, ça ne me dérange pas plus que ça. Même si l'on garde chacun notre chez nous, il est venu dès la fin de son boulot, pour passer plus de temps avec moi. Je ne suis pas habituée.

Comme toujours, on s'est couchés. Comme presqu'à chaque fois, on n'a pas pu dormir, et avant que ça devienne problématique pour lui (moi je suis en vacances) et qu'il ne puisse pas assurer son boulot du lendemain, il est rentré chez lui.

Rares ont été les nuits complètes que l'on a pu passer ensemble. Deux ou trois, grand maximum. Et encore, peu reposantes.

Avant, je culpabilisais s'il rentrait, me demandant ce que j'avais fait de mal. Mais je sais que je n'ai rien fait. Juste qu'on ressent l'un et l'autre que si l'on reste côte à côte, on ne dormira pas. Alors autant se préserver l'un et l'autre et dormir chacun chez soi. Je ne me sens plus mal à l'aise une fois qu'il est parti, ou si c'est moi qui pars de chez lui.

Je m'interroge sur cette incompatibilité. Lui aussi. Ma première pensée : pas assez de sentiments. Ma deuxième pensée : pas asse de confiance.
Je n'aime pas les textos qu'il reçoit à plus de 22h, alors qu'il est avec moi. La dernière fois, c'était son ex. Cette fois-ci, je ne sais pas. J'ai cru déceler un soupir quand il a vu le message, l'a lu, et a coupé son téléphone.

Petit à petit, je découvre un jp qui me plaît chaque jour un peu plus. Attentionné, doux, sensible. En ce moment, j'ai l'impression que c'est lui qui va plus vite que moi. Il me dit que je me mets des barrières. Parfois je me dis qu'il n'a pas tort. C. m'a dit l'autre jour "Mel, arrête de vouloir tout contrôler !! Je sais que c'est une façon de se protéger, mais tu ne peux pas tout contrôler !" Je n'arrive pas à "lâcher prise".

Il est prêt à prendre un apéro avec mes amis. Je ne suis pas habituée à ça, et c'est peut-être moi qui essaie de ralentir le rythme.

Je ne veux pas m'engager. Je ne veux pas dépendre de quelqu'un. Je ne veux pas de vie commune. J'ai peut-être plus peur que lui de la réaction de mes amis. Pourtant, L. sait. Et son homme doit avoir de gros doutes, vu la façon dont j'en ai parlé l'autre fois.

Pourtant, j'aimerai pouvoir passer une nuit avec lui, contre lui, et me réveiller avec le sourire d'avoir passé une nuit agréable, lui près de moi, de prendre mon petit déjeuner avec lui...

J'aimerai ne pas avoir de barrière (et je ne parle pas que de l'âge, plutôt de l'impression qu'il ne faut pas que je m'attache pour ne pas souffrir). J'aimerai retrouver ma naïveté d'avant, qui me fait profiter sans penser à plus. Retrouver la spontanéité.

L. me dit : "Ah ben va bien falloir que vous arriviez à dormir ensemble si vous voulez passer du temps ensemble". Ouais, c'est clair, la vie à deux, c'est pas gagné !!! Même sans parler d'appartement commun...

Pourquoi ??? Je lui ai posé la question, il m'a dit qu'il n'avait pas de réponse.

Avant de partir il m'a enlacée, m'a fait un gros calin, avant de partir se coucher dans son lit, apaisé.