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Mel autour du monde
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30 août 2021

30 août 2021

Nuit avec mon homme. Un peu courte (il se levait pour aller bosser ce matin), mais contente de m'endormir contre Lui et de voir qu'il apprécie de plus en plus nos câlins. 

Ce matin on a (enfin) eu accès à nos emplois du temps sur pronote. Je n'ai pu m'empêcher d'avoir un sentiment d'inéquité en voyant que J. a trois demies-journées de libre pendant que moi je n'en ai aucune (elle a 17h de cours, moi 19h, donc on ne peut pas dire que ça soit franchement différent). J'ai davantage tiqué en voyant qu'une de mes collègues (celle grâce à qui je suis dans mon établissement actuel d'ailleurs) n'avait pas d'emploi du temps. Elle m'avait parlé de soucis de santé tout à fait bénins dans le courant de l'année (des problèmes d'oreille interne qui entrainaient des vertiges). J'ai pensé "merde, c'était plus grave que ça..." Je lui envoie un petit message. Elle m'explique qu'en fait, elle est enceinte. Que ça n'était pas du tout prévu (elle a déjà 4 enfants et elle a bientôt 46 ans) et que du coup son médecin l'arrête dès la rentrée. 

Après-midi avec ma cop Catherine, 74 ans, qui est partie en Islande quelques années avant moi et qui me suivait à la trace. On papote. Je suis HS, je n'ai toujours pas récupéré de mon voyage. Je me sens un peu molle. On va se balader. Elle finit par me dire "Tiens, viens, je veux te montrer un truc... comme ça tu seras témoin. " Je la suis, je prends quelques photos de l'endroit en question. C'est beau, on est au bord de l'estuaire. Puis d'un coup elle me dit "Tiens, voilà, c'est là. C'est là que je veux que mes cendres soient dispersées. Vous n'êtes que deux à le savoir." Je m'étonne de la grande confiance qu'elle m'accorde. Je m'étonne à haute voix qu'un autre de ses amis ne soit pas sur sa liste avant moi. Elle me dit "oh oui, tu as raison, je devrais lui dire, il pourrait être vexé que je ne lui en ai pas parlé." Nous voilà à parler de sa mort. Même si je sais qu'elle arrivera un jour, et que chaque fois que je lui souhaite son anniversaire, j'ai conscience de l'âge qu'elle prend, je n'aime pas me rendre à cette évidence...

Je rentre chez moi le soir, je suis vraiment hs. Je décide de m'arrêter au supermarché en rentrant, rapide. Je repars par le quartier de mon ancien lycée. Il est 20h03, je passe dans ce quartier résidentiel, j'arrive juste derrière chez mon ancien collègue JM dont je n'ai pas eu de nouvelles depuis longtemps. Dans sa rue, une voiture est arrêtée en plein milieu, portières ouvertes. Des gens sont descendus du véhicule. Alors que j'approche lentement, j'aperçois un attroupement. Ils sont une dizaine. J'entends des cris. Non, des hurlements. Ils doivent être une quinzaine. Je vois au moins deux personnes armées de tonfas. Quelqu'un allongé par terre. J'enclenche la marche arrière. Sans rien montrer de l'extérieur, je prends mon téléphone portable et appelle le 112. Il m'a bien fallu quelques secondes pour me souvenir du numéro d'appel d'urgence. Les pompiers décrochent. Je leur explique que j'assiste à une violente agression. A quelle adresse précisément ? Je ne connais pas le nom de la rue. Pendant ce temps-là, je fais demi-tour, je passe devant la plaque de rue. Je lui indique. Quelle commune ? (on est à la limite avec la commune voisine). Finalement elle me dit "ok on a déjà quelqu'un qui prend en charge cette situation". J'ajoute "euh oui mais là, il est en train de se faire lyncher !" Puis je dis bêtement "merci" et repars dans l'autre sens, tournant le dos à cette situation d'extrême violence sans avoir pu y mettre un terme. Je repense aux cris. Aux hurlements de cette personne à terre. Quelles que soient les raisons qui ont poussé ce groupe à s'attaquer à cette personne, comment peuvent-ils le rouer de coups et le frapper alors qu'il est recroquevillé sur le sol à hurler ? Je sens le rouge me monter aux joues. J'étais déjà à la limite des larmes (de fatigue) avant, je suis encore plus sonnée et manque de fondre en larmes seule dans ma voiture en rentrant au chaud bien tranquille dans mon petit appartement.... Lâcheté... 

J'envoie un sms à Lui pour lui raconter mon état de choc. Et à cet ancien collègue qui habite à moins de 50m du lieu de l'agression et qui finit par me rappeler. M'expliquer qu'il y a de temps en temps des dealers juste derrière chez lui (qui est pourtant un quartier plutôt chicos) et que ça lui est déjà arrivé d'appeler les flics, qui ne répondaient pas... Il s'inquiète un peu pour sa femme qui est partie chez une amie qui habite à 500m de chez eux et qui doit rentrer à pied. (ils sont retraités, et ont 70 ans). Il me raconte qu'il n'a pas donné de nouvelles depuis un moment parce qu'il a fait une dépression. Son fils a sauté par la fenêtre du 3ème étage il y a deux ans. Il a passé un mois dans le coma à l'hôpital, son fils n'a jamais pu reparler, mais ils ont pu avoir un certain type de communication. Ils ont fini par le débrancher, trop d'organes touchés. J'avais demandé exceptionnellement à être remplacée pour ma surveillance de bac pour assister à la sépulture du fils d'un collègue. Ma chef (avec qui j'avais des relations un peu moyennes sur la fin) n'avait pas répondu à mon mail, j'avais trouvé ça un peu limite. Mais elle m'avait répondu en direct. Je lui avais dit "en fait, on ne s'est pas comprises. Je vous informe juste que je ne serai pas là." Mon dos ne me permettait pas de faire de longues surveillances de toutes façons. On avait fait la route jusqu'à la ville de mes parents, à 100 km, avec plusieurs collègues avec une gerbe qui portait une banderole "les amis de ...." (le nom du lycée où le père avait travaillé et nous avait connus). Je revois sa femme nous accueillir au funerarium et nous dire "ah, les amis de ....! Merci d'être là !" Dans les mois qui avaient suivi, il avait encaissé plutôt pas si mal, vues les circonstances. Et puis voila que deux ans après, il finit par s'effondrer. Pas étonnant vu ce qu'il a vécu. Comme je lui ai dit : "ce qui est important c'est que maintenant tu es pris en charge et que tu es sur la bonne pente, même si le chemin est long...."

Mon homme a fini par me renvoyer un "ça va ?" car je ne le rappelais pas... Oui, oui, ça va aller. Enfin il me faut un petit moment pour encaisser quoi... Ca ira (peut-être) mieux demain. 

La journée a été intense. 

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